Prose libre


Prose libre : Féeries imaginaires

 

Féeries Imaginaires

 

Quel beau voyage que celui de la vie, facétie du bonheur, mais aussi des pires atrocités. Vécue au plus profond d'elle-même, notre âme en est à la fois l’acteur et la victime. Quel drôle de long pèlerinage à travers le temps, qui est la fois trop court et inlassablement interminable. Que de joies peuvent nous apporter les féeries de ce monde, mais combien de cruautés impitoyables nous sanctionnent ! Quelle est donc cette main qui n’en cesse de nous bien châtier ? Pourquoi ce tribunal infernal, qui n’en cesse de frapper ? A quel jeu s’amuse-t’on donc ? Je ne sais guère quelle saveur a la vie, pour en avoir un pied dedans et l’autre je ne sais où. Mais pourquoi chercher à le trouver ? Car après tout, dans cet autre théâtre où il s’est perdu, au plus profond d’un abîme imaginaire, le jugement de la Nature est-il peut-être plus indulgent ; et cet abîme conduit sûrement vers un autre chemin, mais qui finit, qui sait, par aboutir en laissant choir tout espoir, et indéfectiblement, nous remontons sur les planches, car ce cycle infernal qui n’en cesse de tourner, ne laisse point s’égarer ses brebis, qui dans un commun aboutissement, terminent leur périple dans le mystère des temps. Si ce voyage fut long et court à la fois, l’homme dans sa plus fière dignité, passe la ligne d’arrivée empli de désarroi. Mais finalement, on peut se demander avec un soupçon de mélancolie et de suspicion, quel fut le vainqueur, si vainqueur il y a, car après tout n’est-ce pas que rêve et frénésie que tout cela ? Je ne sais plus, car dans un accès furtif, irrémédiablement, la vie me rappelle ; les rideaux se referment sur la scène. Enfin la surprise de découvrir de nouveaux horizons prometteurs, mais prometteurs de quoi ? Quel manège chavirant, quel cercle interminable, quel dédale infinissable. J’en veux sortir, mais, mais oui, je ne rêve plus. Rayonnant au fond de ce décor truqué dans une lumière blanche éblouissante, j’aperçois le Soleil, symbole de vie, entité ancestrale. Quelle féerie ; c’est simplement si beau la vie. Quelle splendide aventure que celle de l’existence, pour laquelle maintenant je n’hésite plus à faire partie. Au revoir, bon voyage Monsieur… !

 

Paul Stendhal



14/03/2012
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Extraits (Mercredi 23 juillet 1997) : En mémoire d'Adèle H.

 

 

Extraits (Mercredi 23 juillet 1997) : En mémoire d'Adèle H.


Il est des jours, où comme en politique, l'intervention du Deus ex machina, apporte un dénouement inattendu à une situation difficile, où le bon présage ne semble pas de rigueur. Ce mercredi vingt-trois juillet, est un de ces matins là, qui nous plongent au coeur de complications dès le début du jour, et dans ce cas, pour de banales considérations ineptiques, dont l'intérêt ne justifie en aucune manière, le fait d'affronter à brûle-pourpoint un lever de rideau matutinal, le ventre vide, aussi vide que paraît dépourvue d'intelligence, de sens des responsabilités et de grandeur d'âme, cette lourde femme aux accents condescendants, qui semble avoir beaucoup de peine à dissimuler son inexpérience et sa couardise. Je reste interdit devant une telle lâcheté d'attitude, et devant une si grande pusillanimité. Qu'importe, Adèle H, voyage maintenant seule dans le monde céleste de l'éternité, et quant à cette Georgette K, malheureusement, elle continue à persévérer dans celui de l'incompétence notoire, mue par une lenteur extrême et une nonchalance insolente. Cette femme, de complexion forte et antipathique dont émanait tant de roguerie, qui grasseyait et s'exprimait d'une voix de rogomme, dans un jargon onomatopéique, tout à l'opposé de l'atticisme et de la faconde des gens lettrés, était empreinte d'un béotianisme marmoréen, dépourvue de toute alacrité, dénuée de toute affèterie, adepte des pratiques de la palinodie permanente, bref, une femme qui dans son entité, représentait un sinapisme évident à toute relation humaine saine. Son précepte "primum vivere, deinde philosophari" se résumait sans nul doute à un nihilisme des plus sordides, ce qui, in petto, je le concède, est une tautologie eu-égard à sa moralité de circonstance. Singulièrement, Georgette exerce le noble métier d'infirmière, ce qui ne manque pas de me laisser pantois, face à si peu de charité, de dévouement, et d'altruisme. Brillant dans l'immobilité complète de sa paresse, elle exposait avec encore plus de véridicité, et sans vergogne, son ignorance et son incapacité, ce qui montrait pour qui la regardait, une vision des plus affligeantes. Son extrême apathie, arborait un air de fatuité aux accents spécieux, qui ne faisait que corroborer son humeur acrimonieuse. Si les génies sont l'effroi de leur temps, les médiocres dédaigneux, font honte au leur. C'est ainsi qu'en ce mercredi matin, je suis resté interdit devant tant de maladresses ignominieuses, causées en un si court instant par cette lourde silhouette à la démarche pataude. Il est vrai que sa balourdise n'avait de limites que dans la mesure de son défaut d'intelligence et de jugement, syllogisme, s'il en fut, à l'instar d'une lapalissade. Cette femme massive et gauche, avait déjà sans nul doute atteint son niveau d'incompétence, avant d'avoir pu, tout au long de sa triste existence, ne serait-ce qu'une seule fois, faire montre de son mérite, de son talent, et de sa valeur.


Paul Stendhal


14/02/2012
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